Comparatif 2025 : logiciels de photogrammétrie (desktop & mobile)
La photogrammétrie, pour faire simple, est la technique qui permet de reconstruire un objet en 3D à partir d’une série de photos prises sous différents angles. Je pratique cette discipline depuis de nombreuses années. J’ai d’abord utilisé Agisoft Photoscan (aujourd’hui Metashape) pour mes projets de scan 3D. Puis j’ai choisi de passer sur RealityCapture lorsque j’ai eu besoin d’une solution plus rapide. À l’époque, RealityCapture fonctionnait sur un modèle Pay-Per-Input (PPI), où l’on payait à la carte pour traiter ses images et exporter les modèles. Mais bonne nouvelle : depuis 2024, RealityCapture est devenu gratuit pour les étudiants, hobbyistes et petites entreprises (moins de 1 million $ de revenus). Je l’utilise donc désormais sans frais, tout en continuant à bénéficier de sa vitesse de traitement impressionnante (il se vante d’être 10 fois plus rapide que les autres logiciels).
En parallèle, sur mobile, j’ai commencé à utiliser RealityScan sur mon iPhone – une application de photogrammétrie développée par Epic Games – pour capturer facilement des objets en 3D sur le terrain. J’apprécie particulièrement la prévisualisation AR en temps réel, qui guide les prises de vue et indique les zones manquantes. Vous pouvez d’ailleurs consulter quelques-uns de mes modèles 3D obtenus par photogrammétrie sur mon profil Sketchfab afin de voir le résultat final de ces scans.
Dans cet article, je vous propose un tour d’horizon des principaux logiciels de photogrammétrie disponibles en 2025, aussi bien sur ordinateur que sur smartphone. Nous comparerons leur qualité de rendu (fidélité et niveau de détail du modèle 3D), leur rapidité de traitement, leur prix, et je vous donnerai mon avis personnel sur chacun, accompagné de quelques remarques. Bonne lecture !
Logiciels de photogrammétrie sur ordinateur (Desktop)
Les ordinateurs offrent la puissance nécessaire pour traiter des centaines, voire des milliers de photos et reconstituer des modèles 3D très détaillés. De nombreux logiciels existent, allant d’outils open-source gratuits à des suites professionnelles coûteuses. Le tableau ci-dessous compare les solutions desktop les plus connues en photogrammétrie en 2025.
- Qualité : niveau de détail et fidélité du modèle 3D produit
- Rapidité : vitesse de traitement et d’exécution du logiciel
- Prix : coût du logiciel (licence, abonnement, ou gratuit)
- Mon avis : point de vue personnel basé sur mon expérience (ou consensus général)
- Notes/Remarques : infos complémentaires, limitations, etc.
| Logiciel (Desktop) | Qualité | Rapidité | Prix | Mon avis | Notes/Remarques |
|---|---|---|---|---|---|
| Agisoft Metashape | ★★★★★ | ★★★★☆ | ~180 $ (Std) / ~3500 $ (Pro) | Logiciel complet et fiable, polyvalent pour divers projets. J’ai longtemps utilisé cet outil incontournable. | Interface un peu austère mais de nombreuses fonctionnalités (mesures, textures, etc.). Version Standard suffisante pour un amateur, version Pro onéreuse pour les pros. |
| RealityCapture (Epic) | ★★★★★ | ★★★★★ | Gratuit (< $1M revenu); entreprise ~1250 $/an/licence | Ma solution préférée à ce jour : extrêmement rapide et précise. Idéale pour gagner du temps sans sacrifier la qualité. | Reconstruction ultra-rapide (jusqu’à 10× plus vite que la concurrence). Interface moderne et simple. Depuis 2024, gratuit pour usage individuel. |
| 3DF Zephyr (3Dflow) | ★★★★☆ | ★★★★☆ | Gratuit (≤50 photos) ; payant 149 € à ~3900 € (licence perpétuelle) | Bon compromis : performances solides et fonctionnalités avancées. Convient aux débutants (version Free) comme aux pros (versions complètes). | Version Free limitée à 50 images. Versions Lite/Pro/Aerial plus complètes (support du laser, cartographie aérienne…). Achat unique (perpétuel) possible. |
| Pix4Dmapper | ★★★★☆ | ★★★☆☆ | ≈ 2600 €/an (abo.) ou ~4700 € perpétuel | Référence pour la cartographie par drone. Efficace en orthophoto et topographie, mais moins adapté aux scans d’objets isolés. | Orienté drone mapping (SIG). Suite professionnelle très complète, mais coût élevé réservé aux entreprises. Possède des solutions cloud associées. |
| Meshroom (AliceVision) | ★★★★☆ | ★★☆☆☆ | Gratuit (open source) | Logiciel libre accessible. Idéal pour débuter : on y glisse ses photos et la reconstruction 3D se lance automatiquement. En contrepartie, les calculs sont assez longs. | Basé sur la bibliothèque AliceVision. Interface simple d’utilisation. Nécessite une bonne configuration et de la patience (temps de traitement élevé). |
| Autodesk ReCap Pro | ★★★☆☆ | ★★★☆☆ | ~55 €/mois (448 €/an) | Intéressant si vous utilisez déjà la suite Autodesk (intégration dans AutoCAD/Revit). Permet de générer nuages de points et maillages, mais pas le plus performant en photogrammétrie pure. | Traitement possible sur le cloud Autodesk. Pensé pour l’architecture/BTP (arpentage, planification, construction). Abonnement mensuel modéré et sans engagement long terme. |
| Bentley ContextCapture | ★★★★★ | ★★★★★ | Licence entreprise (très coûteuse) | Solution ultra-pro pour projets à grande échelle (jusqu’aux villes entières). Performances et qualité exceptionnelles, mais réservée aux experts disposant d’un budget conséquent. | Reconstruit des modèles 3D de quelques cm jusqu’à des villes entières. Précision uniquement limitée par la résolution des images. Logiciel utilisé en géomatique et génie civil. |
Remarque : Il existe d’autres logiciels notables, par exemple les outils open-source MicMac (développé par l’IGN) ou COLMAP, qui offrent d’excellents résultats mais s’adressent plutôt aux utilisateurs avancés (souvent en ligne de commande). De même, des solutions historiques comme Photomodeler ou VisualSFM existent, bien que moins utilisées de nos jours. La liste ci-dessus couvre les plus répandus à l’heure actuelle.
Applications mobiles de photogrammétrie
Les smartphones récents permettent de réaliser des scans 3D via photogrammétrie grâce à leur appareil photo. Cette approche mobile offre un moyen très accessible de créer des modèles 3D texturés à moindre coût. Cependant, les résultats sont limités par la puissance de l’appareil et la simplicité de l’appli : les modèles obtenus ne sont pas aussi détaillés que ceux réalisés avec un matériel et un logiciel de scan 3D spécialisés. En général, on compte deux technologies de scan mobile : la photogrammétrie (multiple photos combinées) et le LiDAR (capteurs de profondeur sur certains appareils haut de gamme). Ici, nous nous concentrons sur les applications mobiles de photogrammétrie (captures par photos), plus largement compatibles tous appareils (pas besoin de capteur spécial).
Le tableau suivant présente quelques applications mobiles populaires pour scanner en 3D via photogrammétrie :
| Application (Mobile) | Qualité | Rapidité | Prix | Mon avis | Notes/Remarques |
|---|---|---|---|---|---|
| RealityScan (Epic) | ★★★★☆ | ★★★★☆ | Gratuit (100 Mo/mois inclus) ; >100 Mo ⇒ Sketchfab Pro ~15 $/mois | Très pratique pour scanner rapidement un objet avec le téléphone. J’apprécie la prévisualisation AR en temps réel qui guide la capture. | Utilise la puissance de RealityCapture via le cloud. Intégré à Sketchfab pour l’export (au-delà de 100 Mo, abonnement requis). Idéal pour numériser et partager facilement des modèles 3D en mobilité. |
| Polycam | ★★★★☆ | ★★★★☆ | Freemium (base gratuite ; version Pro ~99 $/an) | L’une des apps les plus populaires. Multiplateforme (iOS/Android), simple d’utilisation, avec un bon équilibre entre qualité et facilité. | Mode photogrammétrie performant (Android supporté, rendant l’app très populaire). Exploite aussi le LiDAR si dispo pour scanner de grands espaces en temps réel. Exports nombreux (OBJ, STL, etc.). |
| KIRI Engine | ★★★★☆ | ★★★☆☆ | Freemium (3 exports/semaine gratuits ; Premium ~14,99 $/mois) | Bonne application multiplateforme (mobile + PC). Le rendu en 4K est un plus pour des textures détaillées, et les tutoriels intégrés aident bien les débutants. | Fonctionne via une plateforme cloud. Limite de 3 scans hebdo en version gratuite. Mises à jour fréquentes (support de l’API Object Capture d’Apple, mode timer pour scan automatisé…) |
| Qlone | ★★☆☆☆ | ★★★☆☆ | Gratuit (fonctions premium ~19,99 $ en achat unique) | Concept original avec son tapis AR imprimable. Idéal pour numériser de petits objets rapidement, mais la géométrie obtenue reste basique. | Nécessite d’imprimer un marqueur AR ; échelle de scan limitée à la taille du tapis. Bons outils intégrés de nettoyage/édition (découpage, retouche texture) directement dans l’app. |
| WIDAR | ★★★★☆ | ★★★★☆ | Gratuit (≤5 scans/jour) ; Premium ~10 $/mois ou 70 $/an | Application prometteuse combinant photogrammétrie (et LiDAR si disponible). J’aime la fonction qui indique quelles photos n’ont pas été utilisées, pour comprendre d’éventuels ratés. | Permet aussi l’édition créative des modèles (effets de lumière, collage de textures). Résolution 4K accessible aux abonnés (payant) ; exports limités en types de fichiers (OBJ, FBX). |
Note : D’autres apps existent (ex : Scann3D, RealityScan pour Android, etc.), mais celles listées ci-dessus sont parmi les plus répandues pour la photogrammétrie sur mobile. Certaines utilisent aussi le LiDAR des iPhones/iPads Pro (ex : Polycam, Scandy Pro, Scaniverse) mais requièrent un appareil compatible – le LiDAR apporte un gain de rapidité au détriment des détails textures. La photogrammétrie reste plus universelle et souvent plus riche en textures, au prix d’un temps de traitement plus long.
Conclusion
En 2025, la photogrammétrie s’est démocratisée au point d’être à la portée de tous. Que ce soit via un PC puissant ou simplement votre smartphone, il est possible de créer des modèles 3D de qualité à partir de photos numériques. Les solutions desktop offrent la meilleure qualité et flexibilité pour les projets exigeants (archives patrimoniales, effets spéciaux, relevés géographiques, etc.), avec des logiciels comme RealityCapture ou Metashape en tête d’affiche. Le récent passage de RealityCapture en gratuit pour les utilisateurs indépendants a été un vrai tournant, ouvrant des possibilités professionnelles à la communauté des makers et photogrammètres amateurs. D’un autre côté, les solutions mobiles rendent le scan 3D ultra accessible : en quelques minutes, on peut capturer un objet du quotidien et le partager en ligne. Les résultats sur smartphone, bien que moins précis que sur des systèmes professionnels, sont de plus en plus impressionnants pour un outil qui tient dans la poche.
En fin de compte, le choix du logiciel dépendra de vos besoins et contraintes. Pour un projet demandant la plus haute précision ou le traitement de milliers d’images, tournez-vous vers un logiciel desktop éprouvé (RealityCapture, Metashape, Pix4D, etc.). Si vous débutez ou que vous souhaitez juste scanner des objets de manière ludique et rapide, essayez sans hésiter des apps mobiles gratuites comme RealityScan, Polycam ou KIRI Engine. Il est souvent judicieux de tester plusieurs solutions – la plupart offrent des versions d’essai ou free – afin de trouver celle qui correspond le mieux à votre flux de travail. De mon côté, j’utilise désormais un duo gagnant : RealityCapture sur PC pour mes projets complexes, et RealityScan sur mobile pour les captures sur le vif. À vous de jouer, et n’hésitez pas à partager vos créations 3D sur des plateformes comme Sketchfab pour faire vivre vos scans !